Rencontrez Michelle Goodman, une infirmière clinicienne qui veille avec dévouement sur des jeunes de 0 à 18 ans en difficulté. Au sein de la Direction du programme jeunesse, elle assure à ces derniers un accès aux soins de santé et aux services sociaux appropriés. Profondément dédiée au bien-être de ces personnes vulnérables, elle aborde chaque cas avec respect et empathie, sans jamais porter de jugement et, de plus, sans compter son temps.
Madame Goodman, quel a été votre parcours d’études?
« Intéressée par la médecine vétérinaire, j’ai déménagé en Arizona, où j’ai effectué un baccalauréat en sciences. Je songeais alors à m’installer en permanence aux États-Unis.
Je me suis mariée et mon époux et moi sommes revenus vivre au Québec. J’ai réorienté mon choix de carrière vers les soins infirmiers. En 1995, j’ai obtenu mon diplôme de l’Université McGill. Ma fille aînée a vu le jour pendant mes études à McGill. »
Vos premiers pas dans le domaine de la santé?
« J’ai débuté à l’Hôpital général juif de Montréal, à l’Unité post-partum. J’œuvrais auprès des mamans et des nouveau-nés, en effectuant les suivis nécessaires, une fois le retour à la maison. Puis, pendant environ trois ans, j’ai agi comme infirmière dans des écoles primaires et secondaires du secteur privé. Mes programmes d’enseignement variaient selon les besoins : alimentation, hygiène, introduction à l’éducation sexuelle, etc. C’était avant le jumelage des infirmières avec les CLSC.
Au début des années 2000, j’ai joint la clinique pédiatrique Tiny Tots, dans l’Ouest-de-l’Île. Pendant mes six années en poste, mon affection pour la pédiatrie s’est confirmée. Enfin, j’ai aussi travaillé comme infirmière lors de camps estivaux pour les jeunes, à Mont-Tremblant. Sept années très enrichissantes!
J’ai occupé tous ces emplois à temps partiel, soit jusqu’à ce que mon dernier enfant fréquente la garderie. »
Et votre arrivée au sein de notre CIUSSS?
« Peu avant la création des CISSS et CIUSSS, j’ai obtenu un emploi au sein du Groupe de médecine familiale Medistat, à Pierrefonds, aujourd’hui sous la responsabilité de notre établissement. En 2017, j’ai pris la difficile décision de quitter ce milieu pour joindre les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw, à titre d’infirmière clinicienne. Depuis plus d’un an, je suis assistante au supérieur immédiat (ASI) par intérim. »
Quelles sont vos principales fonctions?
« Les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw regroupent deux composantes : les enfants de 0 à 5 ans et les jeunes de 6 à 18 ans. Les enfants du premier groupe sont placés en famille d’accueil ou vivent au sein de leurs familles biologiques, tandis que ceux du deuxième groupe, en réadaptation, résident en foyer de groupe ou dans l’un de nos deux campus situés à Beaconsfield et à Prévost.
Dans mon rôle d’ASI, j’apporte un soutien à mes collègues infirmières pour les deux groupes. Je collabore également de près avec les travailleurs sociaux et les éducateurs spécialisés. De plus, j’assure une veille (sur appel) deux jours par semaine, lors desquels je joue un rôle actif pendant les signalements, évaluations et prises de décisions cliniques.
Auprès des enfants de 0 à 5 ans, je procède notamment à des évaluations médicales et à la vaccination. S’il y a parfois des cas en transit, les suivis se déroulent majoritairement sur une longue période. Pour les jeunes de 6 à 18 ans, je vois, entre autres, à la défense de leurs droits, à l’ajustement de la médication, de même qu’aux évaluations et suivis. Avec ces jeunes, les contacts sont plus espacés, car ils fréquentent l’école. »
Quels sont les principaux défis rencontrés?
« La compréhension, par les nombreux acteurs impliqués dans le placement de jeunes, des besoins de ces derniers en matière de santé et de services sociaux. La priorisation de l’accès aux services est souvent déficiente. À titre d’infirmières, même si nous jouons un rôle clé dans le bien-être des jeunes, la reconnaissance de nos objectifs et de nos recommandations est parfois difficile.
La séparation vie personnelle et vie professionnelle demeure un défi constant, même si mon expérience m’aide à tracer une ligne. S’il est parfois difficile de le faire, il faut savoir mettre nos cellulaires et courriels de côté, lors de nos congés. Notre gestionnaire nous encourage beaucoup en ce sens. »
Qu’est-ce qui vous allume dans vos fonctions?
« En premier lieu, le travail avec les enfants. Ils sont extrêmement résilients, et j’apprends énormément en les côtoyant.
J’ai aussi le privilège de compter sur des collègues infirmières chevronnées, sans oublier les deux formidables infirmières praticiennes en santé mentale qui agissent comme consultantes pour notre équipe. En outre, j’adore le travail effectué en multidisciplinarité. Les échanges de points de vue avec divers professionnels, axés sur le bien-être des enfants, sont stimulants. »
Un message pour attirer des candidats en protection de la jeunesse?
« Si vous aimez les bébés, les enfants, les adolescents, et que leur bien-être vous importe, vous pouvez faire une différence! Notre secteur offre la possibilité de bénéficier de beaucoup d’autonomie, tout en travaillant en multidisciplinarité. Sans oublier que le domaine des soins infirmiers est en constante évolution.
La capacité de faire preuve d’agilité et d’ouverture d’esprit, ainsi qu’une solide force mentale sont des atouts de premier plan. »
Madame Goodman nous partage quelques facettes de sa vie privée…
Parlez-nous un peu de vous…
« Je suis l’heureuse maman de trois enfants, aujourd’hui adultes. Mon mari moi habitons Ville de Mont-Royal. La famille et les amis sont au cœur de nos vies. »
Pour vous détendre, vous optez pour…
« L’entraînement, bénéfique sur les plans physique et mental. La marche, l’entretien de la maison et la cuisine sont d’autres exutoires efficaces. »
Une belle journée de congé pour vous…
« N’avoir aucun plan précis, aller au ʺgymʺ, s’affairer autour de la maison, cuisiner et recevoir parents et amis autour d’un bon vin. »
« Pour bien répondre aux besoins des jeunes qui nous sont confiés, il faut considérer ces derniers sous plusieurs aspects. La communication, le respect, la patience, la confiance et l’absence de préjugés sont des éléments clés de saines relations avec les jeunes », explique notre sujet-vedette que l’on aperçoit avec l’une de ses œuvres culinaires!
« Les jeunes auprès desquels nous intervenons sont très vulnérables. C’est souvent difficile pour eux d’être retirés de leur milieu de vie. Nous devons les protéger et assurer leur sécurité. Il faut aussi comprendre le vécu de chacun. Les jeunes voient les infirmières comme des alliées prêtes à les défendre », relate madame Goodman, posant avec son mari Riccardo.