Nouvelles du CIUSSS

À l’écoute des jeunes, sans jugement!

Rencontrez Jamillah Jean, une spécialiste de l’exploitation sexuelle et des fugues, au sein de la Direction du Programme jeunesse. Femme d’action qui aborde les jeunes sans jugement, madame Jean ne craint pas de sortir des sentiers battus, autant sur le plan professionnel que personnel!
 

Madame Jean, parlez-nous du parcours qui vous a mené au poste que vous occupez actuellement.
« J’ai d’abord décroché un diplôme d’études collégiales en éducation spécialisée, au Cégep de Vanier, en 2004. Après des études en éducation à l’Université McGill, interrompues au bout de deux années, j’ai obtenu un baccalauréat en travail social, en 2020, de l’Université du Manitoba. »

À quel moment avez-vous joint notre organisation?
« Pendant mes études, je travaillais à temps partiel comme réceptionniste aux Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw. Puis, en 2005, j’ai obtenu un poste d’éducatrice spécialisée au Campus Prévost, où j’agissais comme intervenante en délinquance auprès des jeunes. Enfin, j’occupe mes fonctions actuelles depuis 2020. »

Quelles sont vos principales fonctions?
« Il faut savoir que notre mandat couvre les communautés anglophones, juives et autochtones de la province. J’offre ainsi des formations en ligne à près de 2 000 collègues, qui sont en contact direct ou non avec les jeunes de ces communautés (travailleurs sociaux, gestionnaires, réceptionnistes et autres). Les objectifs visés sont la prévention, la sensibilisation et l’éducation. En outre, je suis en lien constant avec mes collègues afin de les soutenir lors de leurs interventions et de l’application de leurs stratégies de prévention en matière d’exploitation sexuelle et de fugues. 

Je m’occupe également du partage d’informations auprès de corps policiers et de milieux communautaires. Enfin, je participe à l’élaboration de plans d’intervention et de procédures axées sur l’atténuation des risques, de même qu’à l’encadrement des jeunes à risque, qu’ils soient hébergés dans nos foyers de groupes ou qu’ils soient l’objet de signalements. »

Quels sont les enjeux auxquels vous êtes régulièrement confrontée?
« Comme c’est le cas dans plusieurs secteurs, la main-d’œuvre et le financement demeurent des enjeux constants. L’évolution de nos méthodes d’intervention apportent parfois aussi son lot défis.

L’un de nos plus grands enjeux réside toutefois dans la prolifération des médias sociaux, et les facteurs élevés de risque qui s’y rattachent. De nos jours, un jeune peut être victime d’exploitation sexuelle à partir de chez lui, alors qu’il est devant son ordinateur. Et comme les nouvelles applications se multiplient, il nous faut constamment être au fait de celles préférées par notre clientèle. Si la pandémie a entraîné une diminution des signalements, c’est principalement parce que l’école se faisait à la maison. Cependant, on a connu une explosion de malheureuses situations sur les médias sociaux. »

Qu’est-ce qui vous allume dans votre métier?
« Vous savez, je m’identifie énormément aux jeunes. À l’adolescence, n’eût été d’une tante qui a su me comprendre, j’aurais pu emprunter une voie préoccupante. Nos jeunes doivent être écoutés sans jugement, tout en respectant leur besoin de ventiler. Ils doivent bénéficier d’un espace sécuritaire où ils peuvent être eux-mêmes. Pour ce faire, il faut observer trois principes : “Ce que le jeune nous ditʺ; “Ce que l’on a entenduʺ; “Ce dont le jeune a besoinʺ.

J’aime aller à la rencontre de la jeunesse, tout en cherchant à soutirer ce qu’il y a de mieux en elle. Souvent, on a le jugement facile, sans connaître le fondement ou les circonstances qui la mène vers de mauvais choix de vie. J’ai un faible pour les jeunes considérés comme opprimés ou “underdogsʺ. »

Madame Jean a accepté de nous dévoiler quelques facettes de sa vie personnelle…
Vous pouvez nous parler un peu de vous, de votre famille?
« Je suis de la première génération de ma famille née à Montréal, mes parents ayant vu le jour à Haïti. Mon clan familial, qui compte mes deux frères et ma sœur, est tissé très serré. Enfin, ma fille Nahyma, qui est âgée de 12 ans, et mon fils Jahya, 6 ans, constituent ma plus grande fierté. »

Quels sont vos loisirs préférés?
« J’aime beaucoup les voyages qui me permettent de découvrir les coutumes, les valeurs, la langue et la culture de diverses communautés. La Thaïlande s’avère mon plus beau coup de cœur jusqu’ici! »

Il y a deux ans, vous avez fondé l’organisme Hike MTL. De quoi s’agit-il?
« Lors de ma pratique d’activités en plein air, je constatais que les communautés racisées étaient peu présentes dans les parcs de la province. Souvent, elles n’osaient pas s’approprier ces endroits. C’est donc pour démocratiser plusieurs activités auprès de ces gens, comme la pêche, la randonnée pédestre, l’escalade, le kayak, le ski et bien d’autres, que j’ai fondé l’entreprise sociale inclusive d’excursions Hike MTL. Les gens qui se joignent à nous développent ainsi un sentiment d’appartenance, tout en profitant des bienfaits thérapeutiques de la nature.

Destiné d’abord à ma famille et à mes amis, notre regroupement est en plein essor. Plusieurs partenaires commerciaux sont désormais associés à Hike MTL, et les commentaires formulés par nos participants sont gratifiants. »

Peu de gens savent que…
« Je suis une adepte de “cross-fitʺ et d’haltérophilie. Ma force physique me permet, entre autres, de soulever 315 livres, ou 143 kilos, à l’arraché! »


 
En raison de l’impact positif qu’elle exerce auprès des communautés racisées, entre autres, la Table ronde du Mois de l’histoire des Noirs de la Ville de Montréal a rendu un bel hommage à madame Jean. Dans la dernière édition du calendrier du Mois de l’histoire des Noirs, ayant pour thème “De l’obscurité à la lumièreʺ, cette dernière était en vedette pour le mois d’août.


 
« J’ai le privilège de compter sur un gestionnaire, Derrolton James, qui m’offre un encadrement de qualité, tout en me confiant de multiples responsabilités et en accordant de l’importance à mon cheminement professionnel », affirme madame Jean.

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